Le numérique pollue, c’est un fait avéré. Pourtant, la pollution numérique peine encore à être pleinement considérée à sa juste valeur. Selon une étude réalisée par Occurrence pour l’ONG Digital for the Planet, seulement 23% des français avaient déjà entendu parler de ce fléau en 2018. Selon RTL, en 2019, c’est 40% des français qui se déclarent sensibilisé à la pollution numérique. Des progrès encourageant concernant cette prise de conscience. Mais qui restent insuffisant puisque près de 4% des émissions de gaz à effets de serre mondiales sont imputables à la pollution digitale.

Avec ses 1400 millions de tonnes de CO2 émis par an, la pollution dite “virtuelle” porte mal son nom puisqu’elle est bien réelle et tend à tripler son impact carbone d’ici 2025 ! Une progression inquiétante qui est arrivée jusqu’aux oreilles du Sénat qui a décidé de s’y pencher plus sérieusement cette année.

Comment rendre au numérique son image d’accélérateur du progrès et non de gros pollueur plombant les efforts de chacun ?
 

Comment définir la pollution numérique ?

La pollution numérique est la pollution liée à l’impact du numérique dans son ensemble. De la création des équipements tels que les ordinateurs et les smartphones à leur fin de vie en passant par les usages que les utilisateurs en font. Elle présente donc une dimension physique puis virtuelle. Cependant, elle est quelque peu inédite dans l’imaginaire du grand public.

Prenons l’exemple des voitures. On sait que leur fabrication pollue. Puis le CO2 qu’elle va rejeter pendant son cycle de vie alourdit son empreinte environnementale. Sauf qu’aucune fumée n’émane de nos smartphones. Ainsi, la démocratisation du terme pollution numérique demeure primordiale.


 infographie Cleanfox sur Pollution Numérique


Qui sont les responsables de la pollution numérique ?


Il y a 3 principales sources de la pollution numérique :

La pollution numérique est une pollution invisible qui grandit à une vitesse vertigineuse. Elle est la conséquence directe de la digitalisation de nos sociétés.

Edouard Nattée – Fondateur de Cleanfox
 

La part de responsabilité des équipements numériques


En 2019, on comptait 34 milliards d’équipements numériques dans le Monde. Et 4,1 milliards de personnes pour se les partager. Un individu possède donc en moyenne 8 équipements numériques !

Vous pouvez faire le calcul de chez vous. Additionnez tous les écrans et objets connectés de votre foyer sans oublier les enceintes et les montres connectées si vous en possédez une.

Alors ? Surpris du nombre obtenu ?

nombre de personnes avec un smartphone dans le monde entre 2016 et 2020
88% des français achètent un smartphone alors que le leur fonctionne encore

On a en effet tendance à ne pas se rendre compte de l’accumulation des objets numériques. Entre obsolescence programmée et attrait pour les dernières nouveautés, nous sommes régulièrement en proie à augmenter notre collection numérique.

Le recours au quotidien des objets connectés explose lui aussi. Ainsi, la pollution numérique liée aux équipements numériques, de leur fabrication jusqu’à leur fin de vie en passant par leur utilisation, ne fait que croître. En 2010, la part de responsabilité des équipements dans la pollution digitale était de 1%. En 2025, elle sera de 23% ! Il faut savoir qu’un ordinateur de 2kg nécessite 800 kg de matières première.

L’empreinte numérique de la vidéo en ligne


Une télé 4K, un canapé, un plaid, de la pizza, des bières et Netflix. C’est tentant mais à consommer avec modération. En effet, la vidéo en ligne serait responsable de 306 millions de tonnes de CO2 par an selon The Shift Project. 60% du trafic de données internet est occupé par le visionnage de vidéo. Cependant, Netflix n’est pas le seul responsable de la pollution internet. Voilà les autres types de vidéos qui occupent la toile :

  1. La vidéo à la demande (Netflix, Amazon Prime, Open Load…) occupe 34% du flux de données mondiales de la vidéo en ligne
  2. La pornographie représente 27%
  3. Les tubes (vidéos courtes type YouTube) représentent 21%
  4. Les vidéos sur les réseaux sociaux représentent 18%
la pollution numérique générée par le visionnage de vos films et séries préférés
Le binge-watching est un véritable poids dans la pollution numérique

A lire aussi : Netflix, Youtube, Pornographie… qui sont les plus gros responsables de la pollution numérique ?


Les géants du numérique face à la pollution internet

Facebook dislike la pollution numérique


2,45 milliards d’utilisateurs ont fait confiance à Mark Zuckerberg. depuis 2004. Or pour que toutes les photos et autres contenus échangés sur Facebook soient visibles à tout moment, une grande quantité de serveurs internet doivent être mobilisés.

En outre, ces derniers sont hébergés dans des data centers dont le besoin de refroidissement permanent est un gouffre écologique. Cependant, Facebook a récemment optimiser l’efficacité de ses serveurs. Résultat, le nombre de serveurs utilisés a été divisé par deux, ce qui représente 60 000 tonnes de CO2 rejetées par an en moins !

Apple croque la pomme verte


Entre grands adeptes de la marque et détracteurs lui préférant son homologue coréen, Apple ne laisse personne indiffèrent. Du côté des écologistes, Apple est loin de faire l’unanimité.

Mais en 2017, Greenpeace a publié une étude classant les plus grandes marques d’électroniques. Et le bébé de Steve Jobs avait à la surprise générale obtenue la note « B-« . Pas excellente donc, mais bien supérieure à ses concurrents. Les critères de notations sont basés sur les types d’énergies et les produits chimiques utilisés ainsi que la consommation des ressources naturelles lors du processus de production.

Mais comment expliquer cette position ?

  1. Greenpeace a félicité Apple pour sa transparence sur ses méthodes de production.
  2. C’est la dynamique d’Apple concernant ses initiatives sur la conception durable et la réduction des ressources qui a été encouragé. Depuis, Apple a lancé AppleCare service afin de réparer les produits de ses utilisateurs.
  3. Enfin, Apple Trade In consiste à récupérer les produits de ces derniers. Deux initiatives hautement importantes puisque seulement 20% des déchets électroniques sont recyclés et qui ont porté leurs fruits.

Pour en savoir plus, avons d’ailleurs écrit un article sur la quête de l’éthique d’Apple

Guide to Greener Electronics, Greenpeace, 2017

La stratégie d’Apple est légitimement critiquable car basée sur la sortie régulière de nouveaux produits. De plus, plusieurs associations se sont élevées contre la firme américaine pour dénoncer la supposée obsolescence programmée de ses produits. La durée de vie de ces derniers seraient limitées à 2 ans maximum. Les batteries, par exemple, seraient en proie à rapidement se dégrader au fur à mesure que l’on recharge son téléphone. D’autre part, certains dénoncent la nécessité de télécharger régulièrement des nouvelles mises à jours, qui amenuisent l’espace disponible sur les téléphones. On parle ici d‘obsolescence logicielle.

Microsoft innove pour diminuer la pollution internet


Pionnier de l’informatique, Microsoft a décidé de l’être également dans la Greentech. Microsoft a annoncé quen 10 ans, l’entreprise sera neutre en carbone. Chacune de ses émissions de CO2 sera compensée. Mais la firme ne compte pas s’arrêter là et a dévoilé un objectif encore plus ambitieux en 2050 : obtenir une empreinte carbone négative !

En d’autres termes, Microsoft va évaluer tous les précédents rejets de CO2 dans l’atmosphère dont il est responsable. Puis les compenser à travers différentes actions :

Avoir une empreinte carbone neutre (compenser toutes ses émissions de CO2 en initiant des actions écologiques) commence à être « à la mode ». Mais Microsoft a ici fait une annonce historique qui, on l’espère, en amènera d’autres.

A lire aussi : Pour éviter de saturer le réseau, Netflix et Youtube vont diminuer la qualité de leurs vidéos


Les géants d’internet se regardent dans le reflet de leur écran d’ordinateur. Ces efforts pour réduire la pollution numérique qu’ils provoquent sont poussés par les attentes des internautes. Mais nous pouvons aller encore plus loin en adoptant un certain « civisme numérique », une sobriété numérique vis-à-vis de nos comportements d’internautes.

Qu’est-ce que la sobriété numérique ?

La sobriété numérique est un concept visant à inciter les individus à adopter des comportements raisonnés et modérés face au numérique. En d’autres termes, cela revient à ne pas passer des heures à regarder des séries ou encore ne pas multiplier les équipements numériques.

Le terme de civisme numérique est également employé pour évoquer un usage plus sobre de la technologie au quotidien. Progressivement, la sobriété numérique s’immisce dans les têtes des citoyens engagés pour l’écologie.

Finalement, un internaute devrait connaître son empreinte carbone générée sur le web tout comme un conducteur connaît celle de sa voiture. C’est pourquoi des organisations comme The Shift Project ont développé Carbonalyser. Le 1er janvier 2022, les opérateurs internet vont devoir informer leurs clients de la pollution numérique causée par leur temps passé sur le web. Une information qui sera directement incluse dans la facture !  

Comment lutter contre la pollution digitale ?

Afin de devenir un internaute plus écolo et diminuer sa pollution numérique, plusieurs éco-gestes sont préconisés :

Nous ne sommes qu’au début du phénomène de la pollution numérique. Elle va s’accroître exponentiellement dans les prochaines années si nous ne faisons rien. Nous avons déjà des solutions pour lutter contre elle et nous n’avons aucune excuse valable pour ne pas agir dès maintenant

Edouard Nattée – Fondateur de Cleanfox
 

A nous de jouer !